C’est parce qu’ils sont naturellement solubles qu’il est très facile de diluer ses pastels secs, avec un simple pinceau mouillé. Cette technique a de multiples avantages, mais elle a également une variante : La dilution, non pas à l’eau, mais à l’alcool.
Je vous propose une petite expérience pour mieux comprendre les effets de chaque technique. Vous pouvez la reproduire chez vous pour voir le résultat réel, ou simplement observer ce que j’ai obtenu !
Quel matériel utiliser pour diluer ses pastels secs ?
Pour la dilution à l’alcool, l’idéal est celui de type isopropylique. C’est tout simplement le plus pur : L’alcool ménager peut très bien faire l’affaire, mais il contient très souvent des additifs et notamment des parfums. Théoriquement, certains de ces additifs pourrait mal fonctionner en créant par exemple des taches hétérogènes sur le papier.
Mais si comme moi, vous avez déjà de l’alcool ménager à la maison, n’hésitez pas à tester ! Vous pourriez bien vous rendre compte qu’il fonctionne très bien et cela vous évitera d’avoir à acheter quoi que ce soit pour essayer cette technique.
Assurez-vous que le papier employé supporte l’eau ou l’alcool. J’ai utilisé une feuille de Pastelmat, un papier très résistant, qui permet toutes les dilutions.
Enfin, dans le cas du mélange à l’alcool, sachez que ce produit est trop agressif pour les pinceaux en poils naturels : Privilégiez absolument les pinceaux synthétiques.
Diluer ses pastels à l’eau ou à l’alcool : Quelles différences ?
Pour cette expérience, j’ai tracé un tableau à double entrée. Je vais comparer chaque mode de dilution avec la couleur non diluée, et l’appliquer à différentes teintes en pastels durs et en pastels tendres.
1/ Le temps de séchage est différent
Sur de petites zones comme celles-ci, le temps de séchage était inférieur à 5 minutes pour la colonne de pastels dilués à l’alcool. Pour la dilution à l’eau en revanche, il fallait compter 15 minutes.
2/ Diluer les pastels secs altère la couleur
Cet aspect se voit particulièrement sur la couleur orange, dont la sous-teinte jaune est considérablement neutralisée par la dilution. Globalement, chaque couleur apparaît plus foncée, que ce soit avec l’alcool ou avec l’eau. On peut donc en déduire que la dilution des pastels leur fait perdre en luminosité.
Par ailleurs, cet effet est légèrement plus prononcé dans le cas de la dilution à l’alcool par rapport à la dilution à l’eau.
3/ Pastels durs et pastels tendres n’ont pas le même rendu
Il apparaît très nettement que la différence de couvrance et d’intensité entre pastels secs et pastels durs (voir mon article : les différents types de pastels) est très loin d’être attenuée par la dilution. Les pastels durs montrent un résultat plus transparent, avec des démarcations visibles. Les couleurs sont plus claires et moins vives.
A l’inverse, les pastels tendres offrent un aspect opaque qui donnent un aspect peinture au résultat.
4/ Diluer les pastels améliore l’accroche du papier
Si vous avez lu mon post sur le choix du papier pour pastel, alors vous savez que celui-ci est couvert d’aspérités. Ces aspérités commencent à se remplir dès les premières touches de pastel, ce qui peut générer des mélanges entre les couches.
Pour la suite du test, j’ai appliqué un pastel dur (Rembrandt) blanc sur chaque touche de couleur. Le résultat est sans appel : Le blanc le plus éclatant est celui qui a été appliqué sur pastel dilué à l’alcool. Les autres blancs (pastels non dilués et eau) montrent un certain degré de transparence, celui qui a été appliqué sur pastel non dilué étant le plus transparent.
5/ Le pastel dilué à l’alcool est fixé
Pas de doute en passant les doigts sur les différentes couleurs : Ils ressortent très colorés sur pastel non dilué, un peu moins colorés sur pastel dilué à l’eau, et quasiment propres sur pastel dilué à l’alcool.
L’alcool agit alors comme un fixatif très puissant, qui non seulement empêche les particules de pastels de quitter le support, mais en plus permettent des superpositions éclatantes.
Démonstration de pastel sec : Sous-couche diluée à l’alcool
Passer un pinceau chargé d’alcool sur une sous-couche au pastel sec permet de teinter très efficacement son papier : La sous-couche ne se mélangera pas avec les touches suivantes, et le processus de dilution permet au rendu granuleux du papier de disparaître.
J’utilise très peu de Pastelmat blanc, car je trouve que les petits trous blancs sont très pénibles. Je n’aime pas leur rendu, et les masquer en estompant est fastidieux. Or, c’est un processus extrêmement rapide avec la dilution !
Visionnez cette démonstration pour avoir une meilleure vision du processus :
