Avez-vous souvent l’impression que le rendu de vos pastels secs est terne, crayeux, à des années lumières du rendu éclatant que vous pouvez observer chez d’autres pastellistes ? Le pastel est un médium d’une puissance incroyable, mais il peut aussi être décevant si l’on ne connaît pas ses petites subtilités. Et ce problème de manque d’éclat m’est très régulièrement rapporté, aussi sachez que votre cas n’est pas du tout isolé. Beaucoup de pastellistes se questionnent à leurs débuts car ils ne comprennent pas une telle différence entre leurs attentes et la réalité des rendus qu’ils obtiennent. Est-ce un problème de matériel, ou de technique ?
En réalité, cela peut venir de plusieurs choses.
1/ Un papier pour pastel peu accrochant
On pourrait penser que le problème principal des pastels secs qui manquent d’éclat réside dans… Le choix des pastels. Et pourtant, le papier est peut-être encore plus important dans le résultat obtenu.
Si vous avez lu mon article à propos du meilleur papier pour pastel sec, vous savez qu’il en existe deux grandes familles :
- Le papier à grain
- Le papier micro-abrasif
Si vous utilisez du papier à grain (Type Canson « C » à grain, Murano, Tiziano, Ingres…) sachez que les couleurs obtenues ne sont pas du tout au maximum de leur pigmentation. En effet, ce papier est doté d’une accroche moyenne. Cela signifie que beaucoup de pigments ne vont pas adhérer au papier, et se retrouveront par terre ou sur votre plan de travail, ôtant une bonne partie de la coloration que vous étiez supposé obtenir.
En revanche, utilisez du papier micro-abrasif (type Pastelmat, Pastel Card, Uart, Mi-teintes « Velvet ») et vous verrez une très grande différence : L’accroche de ces papiers-là est bien meilleure, aussi l’épaisseur de pigments n’a rien de comparable. Les couleurs explosent, les foncés sont très profonds, les blancs sont éclatants.
Ci-dessous vous pouvez comparer très concrètement les mêmes couleurs et les mêmes pastels sur le même sujet, réalisés sur deux papiers différents. Regardez en particulier la couleur du bleu du ciel qui est complètement différente, ainsi que l’intensité des blancs.
Deux astuces pour donner plus d’accroche à un papier à grain :
- Réalisez une sous-couche avec des pastels assez durs, et appliquez des pastels tendres par-dessus. Vous gagnerez ainsi en opacité, et donc en intensité.
- Passez une couche de fixatif sur votre première couche de couleurs : Cela aide à maintenir plus efficacement les prochaines touches de pastel que vous allez apporter par-dessus.
Si vous faites preuve de patience et que vous superposez plusieurs couches de pigments les unes sur les autres, vous pouvez arrivez à des résultats très bons.
2/ Des pastels secs qui manquent d’éclat
Bien sûr, le choix de vos pastels secs est important. On va distinguer deux facteurs qui peuvent influencer grandement le rendu des couleurs :
- La qualité.
- Le type de pastels.
Problème de qualité des pastels secs
Certains pastels économiques manquent de pigmentation, d’accroche, et ont un rendu facilement crayeux. C’est particulièrement visible sur les couleurs foncées, qui, au lieu d’arborer une teinte très sombre et très profonde, semblent voilées d’une pellicule presque cendrée. Il n’y a pas de miracle, les pastels haut de gamme offrent les meilleurs contrastes. N’hésitez pas à consulter mon guide complet des meilleurs pastels secs pour vous aider à choisir de bons produits.
Type de pastel sec employé
Par ailleurs, selon le type de pastel (et j’entend par là sa dureté) que vous employez, vous allez avoir des différences d’intensité. Plus un pastel est dur, plus les pigments sont mélangés à d’autres ingrédients qui vont en réduire l’intensité. Les pastels durs déposent une matière moins épaisse, plus transparente que les pastels tendres. Donc théoriquement, ils sont moins éclatants et c’est probablement vrai. Mais, je pense que si la qualité est bonne, les pastels durs restent très efficaces. Les choses se gâtent s’il s’agit de pastels d’études qui ont un aspect crayeux.
Souvent on peut lire qu’il vaut mieux commencer par les pastels les plus durs et terminer avec les pastels les plus tendres. Il y a plusieurs raisons à cela :
La première est une question d’accroche : Le pastel tendre adhère très facilement sur le pastel sur, l’inverse est moins évident.
La seconde est une question de rendu : Le pastel tendre est le plus éclatant, il est donc préférable, pour maximiser l’intensité du rendu, de l’utiliser en dernier.
Ci-contre, j’ai tenté de faire ce sentier sur un papier à grain (Murillo) avec des pastels d’entrée de gamme (I love Art et Jaxell) (qui soit dit en passant sont les mêmes).
Autant vous dire que c’était compliqué. Ce n’est pas inintéressant ceci dit et parfois, on cherche à avoir des nuances délicates et peu contrastantes. Mais là c’est le maximum que j’ai pu obtenir en cherchant à pousser l’intensité avec ce matériel.
3/ Trop d’estompe
Estomper le pastel sec consiste à étaler les pigments au moyen d’une estompe en papier, de ses doigts, d’un coton, d’un chiffon, d’un outil à PanPastel, bref.. D’un outil qui va nous permettre de remplir les aspérités du papier de manière uniforme, de se débarrasser des traits de pastels visibles et aussi de fondre les couleurs entre elles. Cela créera ainsi des transitions progressives très intéressantes.
Parce qu’elle fait disparaître les détails, l’estompe apporte une douceur veloutée qui est particulièrement appréciée avec ce médium. Il est donc très facile de vouloir tout estomper avec une immense satisfaction pour voir le pastel prendre un aspect particulièrement homogène.
Si vous travaillez sur du papier micro-abrasif, en général l’estompe a relativement peu d’impact sur l’éclat des pigments (mais elle en aura quand-même un peu). En revanche, sur papier à grain, vous allez ternir le rendu. La raison réside dans le manque d’accroche de ce papier, qui fait qu’une grande partie des pigments déposés sur le support va adhérer à l’outil que vous utilisez pour estomper. Moins de pigments sur le papier = Moins de couleurs, et votre tableau sera donc plus terne. C’est la raison pour laquelle il est recommandé, sur ce type de papier, de ne pas estomper la dernière couche de pastel. Estomper la sous-couche permet de travailler sur une base toute douce sans compromettre l’éclat final, puisque vous allez continuer à apporter de la couleur par-dessus.
4/ Problèmes de conservation
Parfois un tableau a un rendu très satisfaisant, mais parce qu’il est mal conservé, il perd de son éclat. Typiquement, l’usage du fixatif pour pastels modifie l’aspect des couleurs et peut absolument ternir le rendu. Il faut également faire attention à la façon dont on stocke son tableau : Dans un carton à dessin, si l’on décide de séparer ses créations par un papier trop adhérant (papier pour imprimante, papier de soie, papier à dessin lambda..) les pigments vont s’accrocher à la surface de ce papier et le tableau sera déterioré. Utilisez toujours un papier qui repousse les pigments.
Pour plus d’information sur ce point, consultez mon article sur la bonne conservation des tableaux au pastel sec.
Conclusion
Voilà les principales raisons qui donnent des résultats manquant d’éclat et j’espère que cet article saura vous aider à améliorer vos prochains tableaux !
Si vous avez d’autres astuces ou si vous voyez d’autres raisons pour lesquelles les tableaux au pastel sec peuvent manquer d’intensité, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires.
