Quelle bonne idée que de vouloir débuter au pastel sec : Cette technique est fabuleuse ! C’est la plus instantanée, la plus éclatante, la plus simple que je connaisse. Pensez-y : Avec le pastel sec, les pigments ne sont jamais dilués. Il n’y a donc pas de palette de mélanges, pas de pinceaux à collectionner, pas de temps de séchage à prendre en compte, pas de variation de couleurs entre le moment où la couleur est appliquée et le moment où elle est sèche (puisqu’elle est sèche dès le départ)… Bref, le pastel, c’est la liberté totale.
Bon, on conviendra de ses petits inconvénients poussiéreux… Mais nous y reviendrons. Pour l’heure, vous avez souhaité consulter un guide des bases pour débuter, le voici !
Débuter le pastel sec : Le guide complet
Le matériel de pastel de base
Tout d’abord vous avez plein, plein d’infos dans mon guide PDF gratuit du Matériel pour débuter au pastel sec avec les références exactes des produits. Je ne peux que vous recommander chaudement de récupérer ce concentré de mes 15 ans d’expérience.
Mais faisons simple en attendant votre lecture du PDF :
Vous avez besoin de papier spécifiquement conçu pour le pastel sec, et bien sûr, de pastels secs.
Les meilleurs pastels secs pour débuter
Il existe différents types de pastels. J’ai tout expliqué en détails dans mon article intitulé très pragmatiquement : Les différents types de pastels.
De mon point de vue, les meilleurs pastels secs pour apprendre sont ceux qui :
- Ont un bon rapport qualité/prix
- Ont une dureté moyenne
Ce qui m’amène à vous expliquer ce que l’on attend de « bons » pastels.
Quels critères pour choisir de bons pastels secs ?
Selon moi, il s’agit de pastels qui ont de belles couleurs naturelles. Les pastels bas de gamme ont souvent des couleurs criardes, conçues pour donner une impression de vivacité. Cependant, il est difficile d’obtenir un rendu esthétique avec des nuances qui paraissent artificielles.
Les pastels de qualité offrent une large palette de teintes, allant des plus douces aux plus intenses, tout en conservant une harmonie naturelle. Mais notez-le bien : intense ne signifie pas criard.
Par ailleurs, les bons pastels ont une bonne accroche, essentielle pour éviter une dispersion excessive des pigments. Il est normal que les pastels secs produisent des poussières colorées, surtout sur papier à grain (j’y viens dans la section suivante) mais certains pastels sont tout simplement catastrophiques. Il est très désagréable d’avoir plus de pigments sur les doigts et autour de son tableau que sur le tableau lui-même.
Quelle dureté choisir pour ses pastels ?
Le second point de vigilance pour débuter est celui de la dureté. Je vous recommande de cibler les duretés moyennes pour vous entraîner avec confort. Un pastel très dur sera très précis, mais la coloration de grandes zones sera pénible et vous aurez du mal à avoir un rendu doux. A l’inverse, un pastel très tendre fera de superbes fondus, mais vous allez avoir du mal à gérer les zones de précision. Une marque de pastels à dureté moyenne comme par exemple Rembrandt (très bon rapport qualité/prix), vous permettra de vous familiariser avec toutes les techniques.
Je vous recommande aussi de faire l’acquisition de quelques crayons-pastels pour les détails vraiment très fins, ils sont très appréciables. Certains artistes s’en passent totalement mais je crois qu’en débutant, on est content d’avoir des outils dont la forme nous est familière à notre disposition. Les miens sont en majorité des Faber Castell « Pitt ».
S’il vous plaît faites attention à bien vérifier 15 fois que vous achetez des crayons-pastels et non pas des crayons de couleurs ou des crayons aquarellables. Si vous saviez le nombre de personnes qui se trompent…
Le meilleur papier pour pastel sec
La première notion essentielle est celle des deux grands types de papier pour pastel :
- Le papier à grain : peu coûteux, faible accroche, texture apparente).
- Le papier micro-abrasif : coûteux, grosse accroche, texture discrète.
Voyons de plus près ces différents paramètres. Celui du prix est plutôt facile à comprendre, le papier à grain est meilleur marché parce qu’il est plus simple, c’est finalement du papier classique qui arbore une texture alvéolée. Ces aspérités permettent aux pigments de pastel de rester en place.
Le papier micro-abrasif, lui, est plus cher parce qu’il est plus sophistiqué. Il est couvert d’une texture qui ressemble un peu à celle du papier de verre. En moins abrasif tout de même. Sinon imaginez l’état de vos doigts après avoir estompé une grande zone de couleurs… Un seul tableau réalisé et vous voilà dépourvu d’empreintes digitales, ce serait incommodant. Sauf bien sûr si vous prévoyez de faire un cambriolage, mais c’est un autre sujet.
Ensuite il y a l’accroche. Il s’agit de le capacité du papier à capturer les pigments de pastel. Elle est faible dans le cas du papier à grain, ce qui signifie qu’une partie de vos pigments finiront… Par terre. Ou sur votre plan de travail, si vous travaillez à plat. Dans le cas du papier micro-abrasif, elle est nettement meilleure et vous aurez donc beaucoup moins de poussières. Notez bien qu’en dehors du gaspillage limité, plus les pigments déposés en épaisseur sur le papier, plus les couleurs sont éclatantes : Le papier micro-abrasif montre donc très facilement des couleurs plus intenses.
Et, enfin, il y a l’apparence de la texture. On distingue très bien les alvéoles du papier à grain sur l’oeuvre finale. Dans le cas du papier micro-abrasif en revanche, il n’y a pas d’alvéoles. Le rendu est plus lisse.
Du coup, vous l’aurez compris, le papier micro-abrasif est plus qualitatif. Mais quand je dis qu’il est plus coûteux, il faut savoir que la différence de prix peut-être vraiment très importante. Et moi, je trouve que le papier à grain peut apporter beaucoup de charme au résultat. Il décontenance souvent les débutants mais il crée des tableaux doux et texturés.
Enfin tout ça pour vous dire que débuter sur du papier à grain pour ne pas se ruiner en papier haut de gamme, c’est tout à fait faisable. D’ailleurs c’est ce que j’ai fait et ça ne m’a pas trop mal réussi.
Apprendre le pastel sec : Votre premier tableau
Vous êtes équipé, vous voilà tout prêt à créer votre premier tableau. Je vous conseille de vous installer sur chevalet, mais si vous êtes plus à l’aise à plat ça fonctionne aussi. Attention c’est plus salisssant, n’hésitez pas à utiliser une feuille de brouillon à placer sous votre main pour que vous n’estompiez pas votre travail au fur et à mesure.
Tracer une esquisse pour pastel
Commencez par esquisser votre sujet avec un crayon-pastel. Sur papier à grain, il se gomme plutôt bien. C’est une autre histoire sur papier micro-abrasif malheureusement, mais le graphite risque vraiment de se voir sous vos pastels car il est gras (il repousse les pigments). Donc vous allez devoir faire avec votre crayon pastel.
Si vous êtes audacieux, vous pouvez même utiliser un bâtonnet. Voire ne pas faire d’esquisse et placer directement vos couleurs (petit foufou !).
Ordre des couleurs au pastel sec
Le pastel est une matière opaque, ce qui est une très bonne nouvelle pour les superpositions de couleurs car cela signifie que la plupart du temps, c’est la dernière couleur posée qui se verra. Si vous travaillez sur du papier à grain, les couleurs superposées vont avoir tendance à se mélanger un peu. Vous pouvez en tirer un avantage intéressant pour conserver une unité sur votre tableau.
Mélanges de couleurs au pastel :
Continuons sur l’exemple du tableau des pinceaux. J’ai commencé par marquer toutes les ombres de mes pinceaux en bleu de Prusse et toutes les lumières en rose pour que ces couleurs se mélangent systématiquement avec les prochaines couleurs de chaque pinceau, et crée ainsi une jolie harmonie sur le résultat final.
Avant de poser mes couleurs suivantes, j’ai estompé le rose et le bleu avec une petite estompe en papier. Comme ça, les petits creux des alvéoles sont couverts de pigments et ils sont plus discrets. Le pastel s’estompe très facilement !
Techniques de superposition des pastels :
Voici ce qui est communément adopté, et c’est aussi ce qui est le plus recommandé pour débuter au pastel sec :
- Du plus foncé vers le plus clair.
- Du plus dur vers le plus tendre.
C’est en général le processus le plus logique et le plus agréable. Superposer les clairs sur les foncés est plus simple que l’inverse (bien que l’inverse soit possible) ; et les pastels accrochent beaucoup mieux lorsque les plus tendres viennent par-dessus les plus durs.
Mais continuons notre exemple. Une fois mes ombres et lumières posées, j’ai appliqué les couleurs plus réalistes de mes pinceaux. Toujours aux bâtonnets Rembrandt, pour profiter de leur intensité.
On peut continuer à superposer ses pastels les uns sur les autres, notamment pour approfondir les contrastes, apporter des détails, estomper une texture qui ne nous convient pas. Sur papier à grain, je trouve intéressant d’utiliser un crayon-pastel pour lisser et redéfinir les contours. On a vite un effet « dentelé » sur ce papier, mais la mine précise des crayons permet d’applanir un peu tout ça.
Voici le résultat après redéfinition des contours et ajout de détails aux crayons, ainsi que de reflets lumineux aux bâtonnets.
Les traces d’esquisse se voient ? Peut-être avez-vous eu des zones gommées sur lesquelles le pastel n’a pas bien disparu.
Vous pouvez soit faire un fond pour tout masquer, soit plus simplement ajouter un peu de pastel blanc tout autour de votre sujet. Ce type d’effet est souvent très joli car il masque les marques indésirables, fait ressortir le sujet, et lui ajoute aussi de la profondeur.
Notez que faire le fond en dernier est un peu plus propre, car vous risquez moins de poser votre main dans le pastel.
Comment conserver son tableau au pastel ?
Un fixatif est recommandé pour aider le pastel à adhérer sur le papier à grain.
Sur papier micro-abrasif, le fixatif n’est pas une nécessité. De mon expérience, il est utile de secouer un peu son tableau histoire de faire tomber tout ce qui ne tenait pas bien, et effectivement on peut aisément se passer de fixatif car l’accroche est naturellement excellente.
N’accrochez jamais au mur un tableau au pastel sec sans le mettre sous verre. Même s’il a été fixé ou s’il est fait sur papier micro-abrasif, il reste fragile et s’effacera si quelque chose venait à frotter contre le dessin.
Si vous voulez garder votre tableau mais ne pas l’encadrer, mettez-le simplement dans un carton à dessin avec une feuille de papier cristal par-dessus pour le protéger des frottements.
Inspirations pastel sec
Voilà encore une excellente raison de débuter le pastel sec : Que vous aimiez les rendus réalistes, très détaillés ou simplement suggérés, il se prête à toutes sortes de styles. L’exploration de ce médium est passionnante !
Cours de pastel sec
Il y a encore tant à dire sur l’apprentissage de ce médium ! Si vous souhaitez débuter au pastel sec en étant guidé, je vous conseille chaudement ma formation Tendres Pastels.
Il s’agit d’un programme progressif qui vous permet d’apprendre le pastel sec grâce à des leçons et exercices sous forme de vidéos. Tout se passe en ligne, vous vous formez à votre rythme sur tous les aspects de ce médium passionnant. On y parle de façon détaillée de toutes les techniques essentielles qui permettent l’élaboration d’un tableau au pastel sec avec un matériel limité.